Sortir de l'euro ou comment jouer l'avenir de son pays à la roulette... russe
L’un des principaux axes du programme économique de Marine Le Pen –
pour ne pas dire le principal – est la sortie de l’euro. Cette proposition
dérive d’une idée simple : le retour au franc restituerait à la France sa
souveraineté monétaire, lui permettant de faire fluctuer sa monnaie et de
s’exonérer des contraintes d’un euro surévalué par rapport à la situation
économique du pays.
Une conséquence évidente serait la baisse du franc par rapport aux monnaies de référence : dollar, euro, yen, baisse qui serait censée générer une compétitivité plus grande à l’exportation des produits français. Cette dévaluation est dans la logique du changement de monnaie, faute de quoi celui-ci s’avèrerait parfaitement inutile. On doit donc supposer – car le Front National ne l’a pas formulé – que la dévaluation est l’idée sous-jacente de l’abandon de l’euro.
Si l’équation : baisse de la monnaie = compétitivité accrue pourrait, de prime abord, sembler exacte sur le plan théorique, elle s’accompagne d’un grand nombre d’incertitudes.
Une conséquence évidente serait la baisse du franc par rapport aux monnaies de référence : dollar, euro, yen, baisse qui serait censée générer une compétitivité plus grande à l’exportation des produits français. Cette dévaluation est dans la logique du changement de monnaie, faute de quoi celui-ci s’avèrerait parfaitement inutile. On doit donc supposer – car le Front National ne l’a pas formulé – que la dévaluation est l’idée sous-jacente de l’abandon de l’euro.
Si l’équation : baisse de la monnaie = compétitivité accrue pourrait, de prime abord, sembler exacte sur le plan théorique, elle s’accompagne d’un grand nombre d’incertitudes.
La valeur de la dette française
Une transformation
de l’euro vers un nouveau franc aurait évidemment des conséquences sur la
valeur de la dette.
En droit
international, les dettes privées sont soumises aux règles du pays d’émission.
Or, un tiers des dettes privées françaises – en particulier les dettes des
grands groupes – est émis dans d’autres pays ou régi par un autre droit que le
droit français.
En pratique, cela signifie que 1.000 milliards d’euro de dettes privées françaises resteraient libellés en euro, entraînant de facto, compte tenu de la dévaluation du franc, une hausse de son coût de 20 à 30 % pour les entreprises concernées.
En ce qui concerne la dette publique de la France, la règle est plus simple car cette dette est naturellement régie par le droit français. Mais en même temps, 60 % de la dette publique française – soit 1.400 milliards d’euro – sont détenus à l'étranger. Un changement de monnaie serait nécessairement analysé par ces créanciers étrangers comme étant un défaut, particulièrement dans l’hypothèse – incontournable – où la nouvelle monnaie serait dévaluée. Ce défaut amènerait une exigibilité immédiate de la dette en euro et mettrait la France en faillite.
Une façon de lutter contre cette situation – mais pas nécessairement avec succès – serait d’augmenter très significativement les taux d’intérêt servis pour une dette libellée en franc, augmentation visant à conserver nos créanciers étrangers. Ce dernier scénario aurait pour conséquence tout aussi immédiate un renchérissement très significatif du coût de la dette publique dans le budget de l’État, dont il n'est pas sûr qu'il serait à même de le supporter. La conséquence, en tout état de cause, serait au minimum une austérité accrue pour assurer le service la dette, au détriment, naturellement, de l'investissement public.
En pratique, cela signifie que 1.000 milliards d’euro de dettes privées françaises resteraient libellés en euro, entraînant de facto, compte tenu de la dévaluation du franc, une hausse de son coût de 20 à 30 % pour les entreprises concernées.
En ce qui concerne la dette publique de la France, la règle est plus simple car cette dette est naturellement régie par le droit français. Mais en même temps, 60 % de la dette publique française – soit 1.400 milliards d’euro – sont détenus à l'étranger. Un changement de monnaie serait nécessairement analysé par ces créanciers étrangers comme étant un défaut, particulièrement dans l’hypothèse – incontournable – où la nouvelle monnaie serait dévaluée. Ce défaut amènerait une exigibilité immédiate de la dette en euro et mettrait la France en faillite.
Une façon de lutter contre cette situation – mais pas nécessairement avec succès – serait d’augmenter très significativement les taux d’intérêt servis pour une dette libellée en franc, augmentation visant à conserver nos créanciers étrangers. Ce dernier scénario aurait pour conséquence tout aussi immédiate un renchérissement très significatif du coût de la dette publique dans le budget de l’État, dont il n'est pas sûr qu'il serait à même de le supporter. La conséquence, en tout état de cause, serait au minimum une austérité accrue pour assurer le service la dette, au détriment, naturellement, de l'investissement public.
Effets sur l’inflation en France
Très rapidement
après l’instauration de la nouvelle monnaie, une inflation serait importée, les
prix des produits achetés à l’étranger – particulièrement ceux des
matières premières, dont le pétrole – augmenteraient.
Le renchérissement
de ces importations, accompagné de la hausse inéluctable des taux d’intérêt
précédemment analysée, produirait nécessairement une augmentation très
significative des prix.
Faire financer la dette publique par la Banque de France, comme c’était le cas jusqu’en 1973, ne règlerait en rien cette question puisque la création de masse monétaire produit également de l’inflation. Ainsi, mécaniquement, les prix augmenteraient-ils de façon très significative dans la foulée de l’arrivée de la nouvelle monnaie. Dans ce contexte, on peut estimer que le pouvoir d’achat des Français serait réduit de l’ordre de 20 à 30 %.
Faire financer la dette publique par la Banque de France, comme c’était le cas jusqu’en 1973, ne règlerait en rien cette question puisque la création de masse monétaire produit également de l’inflation. Ainsi, mécaniquement, les prix augmenteraient-ils de façon très significative dans la foulée de l’arrivée de la nouvelle monnaie. Dans ce contexte, on peut estimer que le pouvoir d’achat des Français serait réduit de l’ordre de 20 à 30 %.
La ruine des Français
La sortie de
l’euro entraînerait donc des incertitudes majeures, pour ne pas dire plus.
Certes, personne n’est à même d’anticiper la baisse réelle de la valeur du
franc, ce qui induit une grande difficulté à chiffrer les risques de cette
dévaluation. Mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'environ 2.400
milliards d’euro de dette – dont 1.000 milliards de dette privée et 1.400
milliards d’euro de dette publique – seraient soumis soit à une hausse très
significative de leur charge de remboursement, soit à une probabilité extrêmement forte d’exigibilité
immédiate, faisant courir un risque de faillite à de nombreux acteurs
économiques et entre autres, à l’État.
Il est également certain que l’inflation reprendrait, dans des proportions vraisemblablement importantes, gonflée par l’augmentation du prix des importations et par des taux d’intérêt nécessairement en forte hausse.
L’épargne à court terme des Français serait, elle aussi, menacée, car aucun agent économique rationnel n’accepterait de voir son épargne convertie dans une monnaie dévaluée de l’ordre de 20 à 30 %. Ceci entraînerait nécessairement des retraits massifs et fragiliserait le système bancaire.
Il est également certain que l’inflation reprendrait, dans des proportions vraisemblablement importantes, gonflée par l’augmentation du prix des importations et par des taux d’intérêt nécessairement en forte hausse.
L’épargne à court terme des Français serait, elle aussi, menacée, car aucun agent économique rationnel n’accepterait de voir son épargne convertie dans une monnaie dévaluée de l’ordre de 20 à 30 %. Ceci entraînerait nécessairement des retraits massifs et fragiliserait le système bancaire.
La proposition de
sortir de l'euro de Marine Le Pen est donc une idée démagogique, trompeuse
et simpliste, un pari hasardeux susceptible d’entraîner les Français et
l’Europe dans une situation économique à haut risque dont les conséquences
économiques, financières et budgétaires ne sont pas maîtrisables.
clair, lumineux, convaincant, merci cher Marc ! amitiés Didier
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